« C’est avant tout un désir sonore qui est à l’origine de cette partition : donner à entendre des qualités musicales autour de l’air, du vent, les plus variées possibles. Des sons vocaux, instrumentaux, tous reliés à ce thème éolien, moteur d’une petite « épopée sonore ». Debussy a nommé un de ses célèbres préludes  « ce qu’a vu le vent d’ouest ». Ici, pas de jaloux, tous les vents sont convoqués, et tous leurs effets évoqués (le vent qui repousse les navires, fait danser la mer, balaie la grêle,…), il s’agit bien du vent comme figure centrale d’un monde en proie à son action. Le texte de la partition a été constitué à l’aide de phrases réalisées par des enfants d’école primaire et des citations de l’Odyssée d’Homère.

J’ai eu la chance de composer cette pièce pour des classes de primaire à Chambéry et Annecy lors ma résidence au sein des deux conservatoires des pays de Savoie. Je tiens à remercier les élèves, professeurs et musiciens intervenants ayant participé à ce projet, qui ont permis à ces désirs sonores de devenir musique. » Karl Naegelen

Aspects techniques et pédagogiques

La première caractéristique de cette pièce est de se situer dans une esthétique que l’on pourrait qualifier de minimaliste, entendant par là la recherche d’une épure musicale : le travail à mener ne se situe pas dans l’ordre de la difficulté technique, mais dans la concentration à obtenir des enfants pour les manifestations sonores les plus élémentaires. La production du son, où le souffle a une part importante, requiert une écoute de soi, du voisin, de l’ensemble des voix, des instrumentistes, des résonances de la salle.

La partition, qui pourrait paraître à tort compliquée au premier coup d’œil, s’avère en fait évidente dès qu’on prend le temps de regarder attentivement l’écriture et les nombreuses notations utilisées par Karl Naegelen pour chacune des interventions.

Informations complémentaires

Pour aider les enfants à entrer dans cette musique « éolienne », cette épopée  du vent gagnera beaucoup à être nourrie des récits de l’Odyssée et notamment de l’épisode avec Ulysse où le dieu Éole lui avait confié un sac dans lequel il avait enfermé les vents. De la même manière, on aura un grand intérêt à faire écouter aux enfants des extraits de l’œuvre célèbre de Luc Ferrari « Presque rien », où l’importance de l’histoire n’est pas dans la description des événements, mais dans la perception de ce qui se passe au-delà du fait divers et suggérée dans l’intimité de chacun.

Orchestration

La pièce est conçue pour un groupe d’enfants pouvant se séparer en deux chœurs, jouant également de corps sonores simples (feuilles de papier, gobelets avec une paille, flutes éoliennes), y compris de flûtes à bec utilisées pour les multiples sonorités autres que l’emploi académique habituel. Deux flûtistes de bon niveau et connaissant les pratiques contemporaines de l’instrument font également partie de la réalisation.